Ensemble au sommet

Avec les jubilés de Swissmill et Naturaplan, cette année est riche en célébrations pour Coop. Comment le responsable de la direction Informatique, Production et Services chez Coop, Reto Conrad voit-il l’évolution actuelle et future de Swissmill?
A son poste de direction chez Coop, Reto Conrad est notamment responsable de cinq entreprises de production: Swissmill, Chocolats Halba/Sunray, le moulin à riz Brunnen et Nutrex, ainsi que Steinfels Swiss dans le segment non alimentaire.

Monsieur Conrad, quel regard portez-vous sur Swissmill en cette année de jubilé?
Nous avons une longue et belle tradition positive dont nous sommes fiers. Elle est perceptible, y compris dans le cœur du personnel et des clients. Nos collaborateurs de longue date connaissent des pans essentiels de l’histoire.

Il est important pour moi que l’esprit du moulin municipal de Zurich se poursuive avec son orientation exceptionnelle sur les clients. Et pour l’avenir, je me réjouis que nous disposions d’une minoterie ultramoderne, parfaitement équipée et que l’exploitation rassemble énormément de savoir-faire.

Il est étonnant que l’entreprise, depuis 1843 sur son site d’origine sur la place Escher Wyss, ait pu se développer ainsi.
J’aime qu’une industrie traditionnelle comme notre moulin tienne bon dans le quartier industriel de Zurich, entourée de bâtiments modernes. Ici, ça sent bon. On remarque tout de suite que de bons aliments y sont fabriqués. Cette odeur fait partie intégrante du quartier. Nous avons toujours eu une bonne entente avec la ville. Nous avons ainsi pu moderniser le moulin dans ses murs traditionnels et le développer pour en faire une exploitation performante.

La modernité et le développement permanent sont des signes distinctifs de Swissmill. Quelles sont les bases du succès?
Les décisionnaires doivent être ouverts et affirmer: nous croyons en vous et en l’entreprise, c’est pourquoi nous investissons. Le bon partenariat technologique de longue date avec Bühler est lui aussi important. C’est une chance que le siège du leader mondial de la construction de moulins soit si proche. Cela nous donne accès à de nouvelles technologies, et les collaborateurs de Swissmill peuvent contribuer aux solutions. Des invités de Bühler visitent souvent notre minoterie comme entreprise de référence. C’est une situation gagnant-gagnant.

D’où vient la diversité dans la minoterie?
Pour Coop, il a toujours été important de produire une grande partie de l’assortiment en toute autonomie. C’est ce qui a conduit à cette diversité. Nos propres boulangeries sont un client important de la minoterie. Il leur importe de pouvoir acheter un assortiment le plus large possible de produits de minoterie par le biais de Swissmill.

Cette diversité profite à tous les clients. Swissmill se caractérise par le fait que la majorité des produits est vendue à des clients en dehors du groupe Coop. Les clients tiers sont essentiels pour nos sites de production. C’est ce qui favorise l’innovation et l’agilité.

Sur le plan technologique et dans la conception de l’assortiment?
Oui, exactement. Swissmill et Coop profitent des activités avec les clients tiers. Inversement, ces derniers profitent des exigences extrêmement élevées de Coop concernant la qualité des produits, l’assurance qualité et la fiabilité chez Swissmill. Coop mise volontairement sur la Suisse comme site de production. La verticalisation est-elle toujours importante? De manière générale, la verticalisation est importante pour Coop. Les revendeurs verticalisent, c’est une tendance internationale. Nous voulons être performants et faire partie des meilleurs dans nos domaines principaux. Cela implique de produire nous-mêmes notre farine. Elle permet à nos boulangeries de fabriquer cette variété de bon pain frais.

Outre le jubilé de Swissmill, un autre temps fort attend Coop: le 25e anniversaire de Naturaplan, première marque bio du commerce de détail suisse. Nous devons également en être fiers et prendre part à la réussite du bio en Suisse dans le cadre de ce jubilé grâce à l’étroite collaboration qui nous lie à Bio Suisse. Les produits Swissmill ont aussi contribué de manière majeure à l’évolution de notre assortiment Naturaplan dès le départ.

Quel rôle jouent les propres sites de productions concernant le bio et le développement durable?
Sans eux, Coop n’aurait pas pu se développer si rapidement dans le domaine du développement durable. L’ensemble des sites de production offrent des produits bio pour Naturaplan selon les directives strictes du bourgeon. Nous nous différencions par la durabilité. Nous sommes leaders dans ce domaine, et au plus haut niveau international. Nos sites de production y jouent un rôle clé. Swissmill aussi fait partie des sésames majeurs permettant de créer de nouvelles possibilités pour les produits. Aujourd’hui, notre moulin à riz est leader en Europe dans le domaine du bio et du commerce équitable. Et les Chocolats Halba sont le seul des grands fabricants de chocolat à travailler exclusivement des fèves de cacao durables.

«Ensemble jusqu’au sommet» est un principe de Coop. Cela s’applique donc aussi à la durabilité?
Nous voulons parvenir ensemble jusqu’au sommet dans tout ce que nous entreprenons, tout en jouant un rôle durable. Nous nous concentrons sur la durabilité depuis de nombreuses années. Résultat: nous sommes aujourd’hui leaders sur le marché du bio, et de loin. Nous avons été les premiers à être récompensés pour le développement durable. Nous avons visé les premiers la neutralité de CO2 et défini une courbe de réduction claire. Cet esprit de durabilité est clairement perceptible sur nos sites de production. L’engagement sur ces questions est ce qui fait leur force et a permis à Coop d’avancer. C’est ce qui nous distingue de la concurrence, sur le marché tiers ainsi qu’à l’international.

Portons un regard sur l’avenir: l’automatisation est partout. Les meuniers seront-ils encore nécessaires à l’avenir?
Bien sûr. Les activités standard vont être encore plus automatisées, mais la complexité augmente: davantage de produits et de spécialités, différentes quantités et davantage d’applications pour des situations spécifiques. Cela requiert du personnel bien formé à tous les niveaux. En effet, même avec une machine de conditionnement, le marketing arrive à un moment avec de nouvelles exigences pour lesquelles la machine n’est pas calibrée. La diversité exige de la flexibilité. Aucune machine ne peut être modifiée d’une seconde à l’autre. L’homme est plus flexible.


Son propre moulin comme planche de salut

Comme les boulangeries manquaient de farine, elles ont cherché leur propre moulin.
Le principal consommateur de farine en Suisse vers 1900 était l’Union suisse des coopératives de consommation USC, prédécesseur de Coop. Les boulangeries existantes voyaient dans les boulangeries ouvertes par la coopérative de consommation avec leurs prix du pain bas une concurrence menaçante. Les associations de boulangeries ont contré les «charlatans» de la coopérative en fixant des prix obligatoires pour les meuniers et les boulangers. Les moulins qui fournissaient les coopératives de consommation subissaient une forte pression.

Dans la «lutte pour le prix juste», l’idée de créer les propres moulins de la coopérative est née dans les rangs de l’USC. Un plan était prêt en 1904 «en cas d’urgence». Les choses sont devenues sérieuses en juin 1912: Les boulangers zurichois ont augmenté le prix du pain, mais l’Union alimentaire de Zurich ne participait pas. Les meuniers avaient les mains liées, les livraisons de farine étaient interdites. A l’USC, on cherchait à acquérir son propre moulin et on a appris l’existence du «moulin municipal E. Maggi» à Zurich, qui était «achetable en raison de conditions ‘insatisfaisantes’». Un contrat d’achat fut établi dès septembre, suite à quoi le moulin municipal de Zurich fut cédé le 1er janvier 1913 à la minoterie coopérative MSK nouvellement créée, reposant sur 50 coopératives de consommation qui s’engageaient à y acheter la farine et avaient souscrit des parts.

D’ailleurs, des coopératives de consommation ont vu le jour dans de nombreux pays d’Europe avec la naissance de l’industrialisation au milieu du 19e siècle. Elles permettaient à leurs membres d’obtenir des aliments à prix réduit. Des coopératives de consommation sont aussi nées dans les villes et gros villages suisses à l’époque. L’Union suisse des coopératives de consommation USC a vu le jour en 1890.

Naturaplan a 25 ans

En collaboration avec Bio Suisse, association faîtière des agriculteurs bio en Suisse, Coop a lancé en 1993 la première marque bio sur le marché de détail suisse: Coop Naturaplan.
Cette œuvre pionnière a permis la percée d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des animaux en Suisse. Avec plus de 1800 produits, Naturaplan est aujourd’hui la principale marque bio de Suisse et se développe constamment.

Le standard bio suisse, représenté par le bourgeon, fait partie des standards bio les plus élevés. Il s’applique également aux produits importés. Différence majeure avec les directives bio de l’UE, l’ensemble de l’exploitation agricole (et pas seulement certaines branches) est géré de manière biologique.

Coop s’engage également dans des projets de commerce équitable bio à l’étranger, par exemple au Ghana, où des agriculteurs cultivent du cacao dans des cultures mixtes pour Coop. Cela signifie que, lorsqu’elles sont taillées, les plantes basses apportent des nutriments au sol, tandis que les arbres hauts protègent les cultures de cacao de la chaleur. Cela favorise la biodiversité et l’abandon des produits chimiques.

Un moulin bio

Dès le lancement de la marque Naturaplan, Swissmill s’est engagé dans le projet et a commencé à transformer des céréales bio.
Dès 1993, notre minoterie fournissait de la farine mi-blanche et de la farine complète à l’assortiment Naturaplan de Coop. A cela s’est ajoutée rapidement une farine de campagne avec le bourgeon. A partir de 1997, des flocons d’avoine et du son de froment bio Naturaplan ainsi que des spätzli aux légumes complétaient l’assortiment dans les magasins Coop. De la bramata de maïs bio était également produite pour le marché.

Aujourd’hui, notre minoterie est également leader en Suisse pour le bio. La part de bio des céréales transformées par Swissmill est d’environ 26%. Pour le segment bio, nous produisons des farines à base de différentes sortes de céréales, des semoules pour les pâtes et la polenta, des flocons d’avoine ou de la panure.

Le bio vit de la confiance. Nous nous engageons pour cela au niveau des achats, du stockage et de la transformation. Il est important pour nous d’établir une collaboration fiable avec des fournisseurs en Suisse et à l’étranger, qui travaillent avec passion. «Notre proximité avec le marché et nos partenariats de longue date nous garantissent un approvisionnement sûr avec des matières premières de qualité», explique Matthias Staehelin, responsable Achats, Qualité et Administrations. Depuis 1999, Swissmill s’engage dans le pool de céréales bio de Bio Suisse, où les conditions de prise en charge sont organisées pour l’ensemble du secteur. En collaboration avec Coop, Swissmill encourage la production de semences bio locales en partenariat avec le semencier Sativa et le sélectionneur de céréales Peter Kunz. Nous sommes également partenaire de coopération de «Gran Alpin» depuis 2005.

1913 – La minoterie MSK


Le 1er janvier, la nouvelle «Minoterie coopérative des coopératives de consommation suisses» MSK rachète le moulin municipal de Zurich. Déjà à l’époque, c’est «la plus grande minoterie suisse avec un équipement moderne et un rendement de 60 chariots de céréales par semaine», ce qui correspond à 600 tonnes. Avec la croissance démographique, le besoin de farine ne cesse d’augmenter. En 1800, la population suisse était encore de 1,7 million d’habitants. Elle atteignait déjà 2,5 millions en 1860 et même 3,3 millions en 1900.


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