L'approvisionnement économique du pays est la mission de l’économie. Lorsque les entreprises ne peuvent pas assurer l’approvisionnement en situation de crise, la Confédération et les cantons si nécessaire prennent les mesures requises.

Propriétaires de stock obligatoire – Près de 300 entreprises privées sont soumises à la détention de stocks obligatoires en Suisse en tant qu’importatrices et premières à mettre en circulation des biens essentiels. La Confédération fixe le cadre légal. Les entreprises ont un contrat avec l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE), qui définit les biens, les quantités de stock et leur qualité. Mais dans le domaine des infrastructures importantes comme l'approvisionnement électrique, la logistique, les technologies de l’information et de la communication, la Confédération dispose aussi de concepts en collaboration avec les entreprises pour pouvoir assurer l’approvisionnement de base en cas de crises. Des recommandations de réserves d'urgence dans les ménages privés complètent les mesures.

Organisations de stock obligatoire – Outre la coopérative réservesuisse pour les aliments et le fourrage, il existe en Suisse quatre autres organisations de stock obligatoire organisées de manière privée. Il s'agit de Helvecura pour les médicaments, Carbura pour les produits pétroliers, Provisiogas pour le gaz et Agricura pour les engrais. En tant qu’organisations d’entraide, elles représentent les intérêts de leurs membres et sont le lien entre les entreprises et la Confédération. Selon le mandat légal, elles gèrent les fonds de garantie et indemnisent les entreprises de commerce et de production par le biais de ces fonds. Sur mandat de la Confédération, elles contrôlent également les entreprises qui possèdent un contrat de stock obligatoire avec l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE).

Difficultés d'approvisionnement – Dans les sociétés modernes, il existe des interdépendances et relations économiques variées. Si ces relations sont perturbées, que ce soit par des guerres ou de mauvaises récoltes dues à des événements naturels, des problèmes de chaîne d'approvisionnement peuvent survenir, entraînant éventuellement des difficultés d'approvisionnement. Les pénuries énergétiques, les cyberattaques, les grèves et les pandémies représentent également des risques pour la sécurité de l’approvisionnement. En cas de pénurie sévère, la Confédération peut ordonner le déblocage des stocks obligatoires. En cas de crise persistante, on envisagerait également des rationnements, des directives pour la production agricole et les entreprises ainsi que des interdictions d’exportation pour les biens rares.

réservesuisse – Suite à de graves problèmes d’approvisionnement pendant la Seconde guerre mondiale, la «préparation de la défense nationale économique» a été réorganisée en Suisse en 1955: avec une loi d'approvisionnement régissant également la détention globale de stocks obligatoires des différentes branches de l’économie. Dès le 19e siècle, les moulins occupaient une place particulière dans l'approvisionnement des troupes et ils ont été obligés pour la première fois dès 1929 par la Confédération à détenir des stocks obligatoires de céréales en Suisse. L'origine de réservesuisse remonte à 1948. En 2003, les anciennes organisations d'aliments et de fourrage ont été regroupées dans la coopérative réservesuisse.

Aliments et fourrage – L'assortiment des marchandises soumises au stockage obligatoire sous la responsabilité de réservesuisse englobe: les céréales pour l’alimentation humaine comme le blé dur et le blé tendre, le riz, le sucre, le café, les huiles/graisses alimentaires ainsi que le fourrage. Tous ces produits de réserve sont actuellement prévus pour couvrir les besoins pendant trois à quatre mois.

Fonds de garantie – L’ensemble des entreprises de commerce et de production qui importent des biens essentiels comme le riz, les céréales, les huiles alimentaires, le café ou le sucre (y compris le grand nombre de celles qui n’ont pas besoin de détenir de stocks obligatoires) versent de manière solidaire une contribution dans le fonds de l’organisation de stock obligatoire. Les contributions pour le fonds de garantie sont prélevées soit à la frontière, soit lors de la première mise en circulation par les organisations de stock obligatoire. Ces fonds permettent d’indemniser les propriétaires de stock obligatoire et d'assurer les éventuelles pertes de prix.

Répercussion des coûts – Les coûts totaux pour les stocks obligatoires en Suisse s'élèvent à 13 francs par habitant et par an (dont 5 francs pour le stockage d'aliments et de fourrage). Le système est conçu de manière à ce que les coûts des stocks obligatoires n’incombent pas à l’Etat, mais plutôt aux acheteurs et acheteuses de biens essentiels. Lors de l’importation de riz par exemple, une contribution au fonds de garantie de 5.20 francs est prélevée pour 100 kilos de riz, puis répercutée sur le prix de vente.

Taux d'autosuffisance – Selon la Confédération, la Suisse a atteint un taux d'autosuffisance brut de 57% pour les aliments et le fourrage et un taux d'autosuffisance net de près de 50% (hors fourrage importé) en 2020. Le taux d'autosuffisance assuré par la production nationale se décompose comme suit: lait et produits laitiers (112%), viande (84%), poisson (2%), céréales panifiables et pommes de terre (en moyenne 85%), sucre (60%), fruits (environ 25%), œufs et légumes (environ 50%), huiles végétales (environ 25%). – fourrage grossier (97%) et aliments concentrés (40%).

Sécurité de l’approvisionnement – On confond souvent taux d'autosuffisance élevé et sécurité d’approvisionnement élevée. Selon des analyses de l’EPF, un taux d'autosuffisance élevé ne garantit pourtant aucunement la sécurité alimentaire. L’information sur les aliments produits par l’utilisation de nombreux moyens de production sous forme d'énergie directe et «grise», qui sont en grande partie importés, reste insuffisamment prise en compte. Tout comme les contraintes pour l’environnement et le climat causées par une agriculture intensive. La sécurité alimentaire requiert également une nature intacte et des sols fertiles.

Il existe des possibilités pour augmenter le taux d'autosuffisance et la sécurité de l'approvisionnement: en commençant par ne pas gaspiller d'aliments ou de facteurs de production comme l’énergie. Si nous consommons moins de viande, davantage d'aliments végétaux pourraient être cultivés pour une alimentation équilibrée et ce de la manière la plus durable possible. En effet, 60% des surfaces cultivées suisses ont, selon la Confédération, été utilisées en 2020 pour la production de fourrage. Pour produire une kilocalorie, la production de viande requiert beaucoup plus de surface que par exemple la culture de pommes de terre ou de légumes. Mais les produits laitiers et à base de viande continueront de jouer un rôle à l’avenir, d'autant qu’une grande partie de la surface agricole suisse est constituée de prairies.