PERSONNALITÉ

Salome Hofer

Responsable durabilité et politique économique chez Coop

«La durabilité est une ligne d'argumentation importante pour nous à la politique économique.»

Salome Hofer

Elle travaille au siège de Coop à Bâle depuis 2011. La direction du service durabilité et politique économique lui a été confiée en 2019. Dans son poste précédent de responsable adjointe de la politique économique, la politique agraire, le droit agroalimentaire et les questions relatives au marché intérieur étaient au centre de ses missions. Sur le plan professionnel, elle est membre du CA de la Communauté d'intérêts pour le secteur agroalimentaire suisse (Cisa) et présidente du Réseau Soja Suisse. Salome Hofer a étudié les sciences politiques et la gestion de la communication. Aujourd’hui âgée de 36 ans, elle s’est lancée très jeune en politique. Depuis 2009, elle est membre de la fraction SP du Grand Conseil de Bâle-Ville, qu’elle a présidé en 2020/21.
 
Quand elle ne travaille pas, elle aime passer du temps avec ses amis, randonner et pratiquer le yoga et le pilates. Elle se décrit comme une adepte du carnaval et joue du fifre. Elle s’engage également à titre bénévole auprès de «Kulturstadt Jetzt» et de l’association compas ainsi qu'au comité directeur du bureau de la musique de Bâle.

Efforts renforcés, progrès significatifs

Depuis des décennies, Coop s’engage pour la durabilité en appliquant des mesures concrètes. Avec ses objectifs pluriannuels 2022–2026, l’entreprise renforce encore cette orientation. Dans cet entretien, Kornmagazin interroge Salome Hofer, responsable durabilité et politique économique chez Coop, sur les grandes lignes et les nouveautés importantes.
D'ici à 2027, Coop souhaite fabriquer son assortiment de pain à 100% à partir de céréales suisses portant le bourgeon. Photo: iStock

Madame Hofer, vous êtes responsable durabilité et politique économique chez Coop. Qu’englobe cette dernière partie? 
Salome Hofer: Dans le cadre de la politique économique, nous assurons la représentation des intérêts de Coop dans la politique suisse. Nous rédigeons des réponses à des consultations, publions des prises de position, échangeons avec les parties prenantes pour élaborer des prises de position collectives et intégrons nos propositions dans le processus politique sur la base de faits. La durabilité est une ligne d'argumentation importante pour nous à la politique économique. C’est pourquoi il est judicieux d'avoir regroupé ces deux domaines au sein d’une même équipe. 

La stratégie de durabilité de Coop englobe des objectifs pluriannuels détaillés d’ici à 2026. Englobe-t-elle des moments initiaux?
De manière générale, nous nous basons sur la stratégie existante avec les trois piliers (pour les détails, voir Article connexe). La stratégie a quelque chose d'initial dans la mesure où nous avons regardé au-delà des champs d'application dans lesquels nous voulons nous imposer. Nous nous sommes demandés: qu'attendent de nous les différentes parties prenantes? Chaque année, nous organisons un dialogue avec des parties prenantes, auquel nous invitons plus de 50 organisations, parmi lesquelles des O.N.G., des associations de protection de l’environnement, des organismes de protection des consommateurs, des organisations syndicales, des organisations caritatives, des offices fédéraux et des représentations scientifiques. De Bio-Suisse à l'association des agriculteurs en passant par Economieuisse, tout le monde est présent. Nous présentons des exposés mais essayons aussi de travailler en petits groupes sur des thèmes actuels. 

Nous avons également demandé à nos clients et clientes, qui sont notre principale partie prenante, quels thèmes de durabilité sont pertinents et doivent être abordés. Nous avions déjà la plupart en tête. Mais il est important de souligner que nous avons défini les thèmes de la nouvelle stratégie sur la base de ces retours. 

Qu’est-ce-qui vous impressionne dans les objectifs et orientations nouvellement définis? 
Nous abordons de manière totalement nouvelle les thèmes de due diligence (procédure de vérification) et de transparence. Nous voulons savoir précisément d’où viennent nos produits, quels problèmes s’y trouvent éventuellement et ce qu’il faut faire. Nous avons aussi entièrement repensé notre engagement en faveur de la protection du climat. Ce qui m’impressionne, c’est que nous ayons à l’esprit l’ensemble du groupe Coop avec le commerce de détail, la production et les grossistes et que nous abordions tous les thèmes pertinents, y compris de manière renforcée dans les sociétés nationales Transgourmet. C’est nouveau et donc aussi complexe de cette manière globale car nous étudions toutes les propres marques sans nous contenter de dire: nous avons du bio, c’est bon. Nous voulons aussi appliquer les normes minimales de durabilité pour notre gamme de prix bas Prix Garantie. Nous avions déjà des objectifs concernant les grossistes pendant la période 2014 à 2021, mais il s'agissait généralement d'objectifs qualitatifs et souvent ils ne concernaient pas toutes les sociétés nationales. Nous avons par exemple un nouvel objectif quantitatif dans le domaine du bien-être animal. Cela représente un défi important pour les grossistes.


Ressources limitées

Comment définissez-vous le terme de durabilité concernant l’État et l’économie?
La définition que je trouve la plus pertinente est celle des Nations Unies, qui dit que l’on doit gérer les ressources limitées de notre planète de manière à ce que les futures générations puissent les utiliser aussi. Prenons les ressources naturelles que sont l’eau, le sol, la biodiversité et l’air: si nous surchargeons la planète et qu’une seule de ces ressources disparaît, l’écosystème global est déséquilibré et nous perdons nos ressources fondamentales.

Je pense que seule une agriculture durable est appropriée en Suisse à long terme.

Salome Hofer


Au vu de la famine qui s'aggrave dans certaines parties du monde à cause de la guerre et du climat, il faut faire des efforts beaucoup plus importants contre le gaspillage alimentaire sous nos latitudes. Coop a donné 16,5 millions de repas en 2021, intégré des carottes difformes dans l’assortiment sous la propre marque «Ünique» ou proposé des produits portant une étiquette «utiliser au lieu de gaspiller». D’ici à 2026, Coop a pour objectif de «valoriser de manière généralisée des aliments encore consommables». Qu’est-ce que cela signifie exactement?
C’est exact. Nous optimisons les processus de commande, proposons des produits à prix réduit juste avant leur date de péremption, collaborons avec des organismes de don nationaux et investissons dans des produits innovants pour réduire le gaspillage alimentaire. Dans les prochaines années, nous prendrons également diverses mesures pour aller encore plus loin dans ce domaine. 

Une possibilité pour augmenter le taux d'autosuffisance de la Suisse serait de ne pas gaspiller et de consommer moins de viande. Récemment, certains cercles politiques et d'agriculteurs ont toutefois fait la promotion d'une intensification de la production agricole. Qu’en pensez-vous
Il faut organiser la politique agraire à long terme. Je pense que seule une agriculture durable est appropriée en Suisse à long terme. Il ne serait pas judicieux de mettre en place des mesures à court terme ayant des conséquences à long terme. Nous trouverions par exemple critique si les surfaces de biodiversité disparaissaient ou étaient utilisées différemment. Elles font partie de la politique agraire adoptée, telle que la société la souhaite et qui nous convainc aussi. 

Nous voulons avoir atteint le zéro net d’ici à 2050 au plus tard. Cela constituera un défi important pour nous tous.

Salome Hofer



Objectif climatique zéro net

Au vu de la perturbation et du déséquilibre de la planète, la jeunesse du climat n’est pas la seule à se demander: est-ce que 2050 est trop tard pour l’objectif zéro émission net? 
Coop se base avec conviction sur les directives de l’Accord de Paris sur le climat, que la Suisse a ratifié en 2017 (pour les détails, voir Article connexe). Il est vrai que certaines personnes clament sur base scientifique que le zéro net est trop tard en 2050 car le réchauffement climatique aurait déjà contribué massivement à la fonte des glaciers aux deux pôles d’ici là. Une petite parenthèse: changement climatique, économie circulaire, due diligence au sens de la procédure de vérification de la chaîne logistique, les grands défis de durabilité actuels ne doivent pas être surmontés séparément. Nous pensons qu’il est judicieux de se joindre aux directives internationales et d'aborder les problèmes de manière homogène. Mais nous disons aussi que nous voulons avoir atteint le zéro net d’ici à 2050 au plus tard. Cela constituera un défi important pour nous tous.

L’urgence est confirmée un peu plus chaque année par la science. Des mesures plus strictes seront-elles inévitables au niveau mondial dans un avenir proche? 
Tôt ou tard, des restrictions plus sévères devront venir de la politique et de la société. Mais il est primordial que nous œuvrions dès aujourd’hui pour en faire plus, y compris de manière volontaire. Par exemple, Coop n'était pas dans l'obligation de signer l'initiative Science Based Targets (SBTi), mais nous l’avons fait (pour les détails, voir Article connexe). Je pense que, si les entreprises ne prennent pas les devants maintenant, peu de choses vont bouger. À quelques exceptions près, de nombreuses entreprises étaient favorables à la loi CO2 révisée en 2021. En revanche, la population suisse l’a rejetée de peu aux urnes.

Dans le domaine des transports de marchandises pour le commerce de détail, Coop mise de plus en plus sur les moyens de transport à faible émission. L'entreprise utilise des camions roulant à l’hydrogène depuis 2016. Photo: Coop

Jusqu’à maintenant, l'absence de réduction de CO2 en Suisse peut être compensée volontairement par l’achat de certificats à l’étranger. Mais avec les objectifs zéro net, ces compensations, parfois critiquées en tant qu'écoblanchiment voire trafic d’indulgences, n’existeront-elles plus à long terme? 
Oui, zéro net signifie que j'évite des émissions sur place, il ne doit plus y avoir d'émissions de gaz à effet de serre du tout. Ou bien nous les réduisons massivement en appliquant différentes mesures concrètement et directement dans la chaîne logistique. Selon les directives de l’Accord de Paris, il ne suffira plus à l’avenir de faire réaliser un projet de protection du climat n'importe où pour compenser dix tonnes de gaz à effet de serre, tandis que mon chauffage continue d'émettre dix tonnes de CO2 chaque année. 

Mais dans l’agriculture, il reste encore de nombreuses questions en suspens concernant la réduction des émissions. À l’heure actuelle, de nouvelles méthodes sont testées pour réduire les émissions ou stocker le gaz à effet de serre. Le charbon végétal en est un bon exemple. Il stocke le gaz à effet de serre, garantit un bilan de fumure positif dans les cultures et facilite aussi la digestion des vaches, ce qui réduit l’émission de gaz à effet de serre. Mais les procédures et applications requièrent encore des tests supplémentaires. Nous avons déjà souvent prouvé que Coop faisait preuve d'ouverture aux nouvelles approches. Avec des organisations partenaires, nous investissons dans des projets d’innovation. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’Institut suisse de recherches sur l’agriculture biologique (FiBL), mais menons aussi des projets avec d'autres entreprises innovantes et le WWF. Le Fonds Coop pour la durabilité nous y aide. 

Avec l'Accord de Paris, il est certes possible de compenser le CO2 par des projets de protection du climat dans un autre pays, mais sous certaines conditions. Qu’est-ce que cela signifie pour Coop? 
Ce qu’on appelle les projets offsetting n'importe où ne sont plus autorisés (sans réduction effective de ses propres émissions internes). Les projets de protection du climat pour la réduction concrète du CO2 doivent toujours être appliqués insetting, c’est-à-dire dans les propres chaînes logistiques. Le problème qui se pose actuellement concerne la prise en compte des réductions d'émission. Cela implique la négociation de contrats de coopération entre différents pays. La Suisse a conclu le premier accord de ce type dans le monde avec le Pérou. Il permet la prise en compte en Suisse des réductions d'émission externes. 


Projets circulaires

Depuis 30 ans, Coop joue régulièrement un rôle de leader dans le domaine du bio et de la durabilité, par exemple avec son label Naturaplan. Est-ce que d'autres innovations sont attendues? 
Effectivement, Coop innove régulièrement. En ce moment, il s'agit surtout d’être ouvert, y compris dans la recherche, et d’investir dans de nouvelles idées pour rester leader. Ainsi, nous développons actuellement divers projets circulaires. Grâce à notre ouverture aux nouvelles approches, Coop aura toujours un rôle de pionnier, j’en suis convaincue. 

L'économie circulaire est-elle une nouvelle priorité de Coop? 
Sans aucun doute, l'une des six; et nous renforçons la focalisation de groupe. Pour cela, nous avons créé un groupe de travail qui implique l’ensemble de Coop. Toutes les unités ont pour mission de trouver des potentiels, que ce soit dans les assortiments ou dans les sites de production. Nous collaborons aussi régulièrement avec des start-up. L’économie circulaire consiste à fermer les circuits de matériaux ou au moins à les ralentir et à allonger la durée de vie des produits.

C’est pourquoi Zoí est un très beau projet. Il peut contribuer aux circuits fermés.

Salome Hofer


Le projet pilote Zoí de Swissmill, une division de Coop, pourrait être un exemple au caractère innovant. Les sous-produits de minoterie y servent à nourrir les insectes, pour produire des protéines, des fibres et des matières grasses de qualité. 
Dans de nombreux sites de production, il existe des flux parallèles qui ne sont pas utilisables d’emblée. Il vaut alors la peine d’examiner différentes possibilités, par exemple pour faire quelque chose des sous-produits de minoterie, qui servent à leur tour à l’alimentation humaine, ce qui correspond à l’objectif de Swissmill. C’est pourquoi Zoí est un très beau projet. Il peut contribuer aux circuits fermés. 

Existe-t-il d'autres exemples? 
Chez Bell, nous avons déjà mis en place différents projets et d'autres sont en cours de développement, par exemple avec les plumes de volaille. Bell n’est pas seulement un transformateur de viande. Avec Eisberg ou Hilcona, le Bell Food Group produit aussi des produits préparés comme les salades. Les produits végétaux annexes alimentent l'installation Kompogas. Il en résulte un combustible respectueux du climat pour les exploitations ainsi que de l’engrais pour la culture des salades. La boucle de la production végétale est ainsi bouclée.

Nouvelles méthodes dans le domaine du zéro déchet: dans les magasins sélectionnés, Coop propose des aliments longue conservation comme les flocons de muesli ou les pâtes en vrac. Photo: Coop


Matières premières critiques

Les objectifs de durabilité visés feront-ils mal à Coop? 
Ils constitueront de toute façon des défis, par exemple dans le domaine du bien-être animal à l’échelle du groupe, et de manière générale pour les matières premières critiques (pour les détails, voir Article connexe).

Selon notre stratégie, nous n’utilisons que de l'huile de palme bourgeon bio dans toutes nos propres marques.

Salome Hofer


On sait que l’huile de palme fait partie des matières premières critiques. Comment est-elle gérée par Coop? 
Selon notre stratégie, nous n’utilisons que de l'huile de palme bourgeon bio dans toutes nos propres marques, y compris pour les produits conventionnels. L’un des principaux risques liés à l’huile de palme est la déforestation de la végétation primaire et secondaire. Nous nous y opposons. Pour les produits certifiés bourgeon, il existe ce qu’on appelle une «cutoff date», une date de déboisement. C’est-à-dire que les plantations bio ne doivent pas se trouver sur des parcelles qui ont été déboisées après une certaine date; 1994 dans le cas de Bio Suisse. 

Par conséquent, est-ce que l’huile de palme est beaucoup moins utilisée qu'avant chez Coop? 
Pas en soi. L’objectif: quand nous utilisons de l’huile de palme, elle doit être bio et respecter les conditions correspondantes. L'utilisation de l’huile de palme bio devient donc trop coûteuse pour certains produits de notre assortiment. On modifie alors la recette en utilisant une autre huile végétale, ce qui peut faire mal car le produit n’a peut-être pas exactement le même goût. L’huile de palme a des propriétés exceptionnelles: elle est inodore, presque sans saveur et la récolte est extrêmement abondante. Par rapport au colza ou au tournesol, un mètre carré de plantation de palme permet d'obtenir une quantité d’huile beaucoup plus importante. Nous avons aussi constaté des aspects critiques dans le domaine environnemental et social dans l’utilisation de l’huile de coco comme alternative. C’est pourquoi nous cultivons une production certifiée Fairtrade et Bio Suisse en Côte d’Ivoire, en collaboration avec le FiBL.


Transparence 

Coop souhaite créer de la transparence dans les chaînes logistiques. Pouvez-vous nous en dire plus? 
Nous avons défini cinq critères de transparence: pour la performance des partenaires commerciaux, nous exigeons au sens du BIT un engagement public en faveur des droits humains et des aspects sociaux. Pour la traçabilité, nous ne voulons pas connaître seulement le pays, mais la région ou la province dans la mesure du possible. Pour pouvoir évaluer les risques, nous exigeons pour les matières premières critiques des données précises sur les quantités traitées, que ce soit en tonnes, en litres ou en unités et pas seulement un pourcentage de la production. D'autres critères concernent le pays de la dernière étape de transformation ainsi que des données claires sur les normes minimales de durabilité ou celles du bien-être animal, y compris dans l’assortiment conventionnel. 

Dans quelle mesure les exigences de transparence plus élevées constituent-elles un défi? 
Beaucoup sont encore inconnues, et il n’est pas facile de les satisfaire. Il se peut que notre partenaire commercial soit un négociant qui achète un produit quelque part ou achète des matières premières avant de les transformer. Dans notre période cible actuelle, nous nous concentrons sur les matières premières critiques, y compris pour collecter des expériences et en tirer des leçons. Notre vision à long terme: savoir précisément dans nos chaînes logistiques comment et dans quelles conditions quelque chose a été produit. Pour le bio, nous le savons déjà assez précisément car les directives bio strictes garantissent une transparence supplémentaire.

Certains produits peuvent aussi être critiques car ils viennent de régions sèches. D’ici à 2026, Coop souhaite acheter ses produits originaires de zones critiques en eau à partir de cultures irriguées de manière durable. 
Nous avons développé avec le WWF notre propre standard sur l’eau «Spring» et sommes en train d’établir une empreinte eau pour tout notre assortiment. Nous vendons déjà divers produits à partir de cultures irriguées de manière durable (pour les détails, voir Article connexe). 

Lorsque Coop a démarré cette stratégie en 2015 avec les matières premières critiques, il y en avait moins de 10, contre 18 aujourd’hui. On s’occupe déjà de la tourbe, du coton, du bois et du papier depuis les années 2000. Notre approche générale consiste à examiner d'abord où on en est, avant d'appliquer des mesures successives basées sur les risques. Il est essentiel que nous commencions à un point et que nous abordions les sujets de manière homogène. Il n’est pas possible de tout faire tout de suite et partout. Mais nous pouvons profiter des expériences et ainsi adapter les résultats.

Dans les pays à risque concernant les conditions de travail et les droits humains, nos fournisseurs locaux sont régulièrement soumis à des audits sociaux.

Salome Hofer


Outre les matières premières critiques, existe-t-il des fournisseurs critiques, par exemple dans des pays où la situation est problématique en matière de droits humains, comme la Chine? 
Il est important de faire la distinction: nous ne collaborons pas avec des pays mais avec des partenaires commerciaux. Nous avons certains fournisseurs en Chine, qui doivent remplir exactement les mêmes conditions qu’un fournisseur suisse en termes de durabilité. Nous ne refusons pas telle ou telle provenance. Dans les pays à risque concernant les conditions de travail et les droits humains, nos fournisseurs locaux sont régulièrement soumis à des audits sociaux. 

Nos exigences envers nos fournisseurs sont donc les mêmes partout. Si un fournisseur ne peut pas les satisfaire (quelle que soit la raison), nous prenons des mesures. Un exemple: nous avions auparavant des fournisseurs au Sahara occidental. La collaboration a été arrêtée car, dans nos directives d'achat durables, figure le principe selon lequel aucune eau fossile ne doit être captée. Les fournisseurs ne pouvaient pas nous le garantir. 

Pouvez-vous nous en dire plus? 
L’eau fossile est de l’eau située dans des roches très profondes, qui s’y trouve depuis la préhistoire. Au Sahara occidental, elle est systématiquement captée. Pour la tectonique des plaques, l’écosystème et la biodiversité, cette eau est parfois très importante. Elle ne doit pas disparaître, au risque de créer des déséquilibres. C’est pourquoi nous n'achetons plus de matières premières en provenance de cette région. 


Coopérations et aides

Cela signifie que la durabilité fait partie de l’ADN de Coop. Est-ce que toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs sont formés à ce sujet? 
Oui, nous avons pour cela des e-learnings spécifiquement orientés sur la vente et les achats. La durabilité est bien présente dans les cours d'introduction, les cours de perfectionnement internes et la formation continue. Il existe toujours une approche intégrale dans les projets. Les réalités et niveaux d'ambition sont différents, il faut se trouver. Mais comme de nombreuses personnes différentes participent, nos projets sont praticables et couronnés de succès. 

En tant qu’interface dans l’entreprise, votre unité «Durabilité» joue certainement un rôle important? 
Oui, je le remarque par exemple quand des personnes d'autres unités viennent me voir pour des questions de durabilité. Comme nous connaissons et regroupons les thématiques pertinentes, je peux apporter une réponse d’emblée. Je n’ai pas besoin de dire: non, nous ne nous sommes encore jamais penchés là-dessus ou bien, dans ce domaine, nous ne faisons rien. Il n’y a peut-être encore qu’un projet-pilote ou nous sommes juste en train de démarrer, mais nous sommes à la hauteur et maîtrisons les thèmes pertinents.

Qu’il s'agisse de climat, d'économie circulaire ou d'équilibre travail/vie privée, on en parle.

Salome Hofer


Pour terminer, tous les défis de durabilité auxquels la société doit se confronter sont-ils surmontables?
Oui, je crois qu’on peut être optimiste. Aujourd'hui, les sujets doivent être traités par tous. C’est pourquoi je pense que beaucoup de choses vont bouger. Qu’il s'agisse de climat, d'économie circulaire ou d'équilibre travail/vie privée, on en parle. Cela permet de trouver des solutions ensemble. Et le numérique offre de nouvelles possibilités. 

Dans quelle mesure? 
Aujourd’hui, la transparence est plus facile à atteindre qu’il y a 30 ans, quand on avait à peine un fax et qu’on ne pouvait contacter les fournisseurs que par téléphone. Aujourd’hui, tout est beaucoup plus connecté, il existe d’innombrables outils. Nous pouvons établir des interfaces avec nos fournisseurs et leur fournir toutes les données nécessaires dans une plateforme. Auparavant, il fallait collecter toutes les informations, les stocker dans un classeur et savoir sur quelle étagère ranger le dossier. Aujourd’hui, les possibilités et les aides sont beaucoup plus nombreuses. Mais bien sûr, la durabilité exige d'autres efforts à tous les niveaux et il y a parfois des difficultés dans la mise en œuvre. 

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