Temps forts
Dans sa compréhension du métier, il est meunier jusqu’au bout des ongles. «Mais j’ai peut-être encore préféré construire», révèle-t-il. Il a grimpé les échelons chez Swissmill depuis le début. «J’ai pu m’appuyer sur les bases pour développer la minoterie.» Quand il décelait du potentiel et un besoin d’innovation, il actionnait les leviers avec entrain et enthousiasme pour convaincre les décideurs de ses idées de projet, ce qui lui a souvent réussi.
Sa plus grande fierté? «Ce sont les grandes constructions que nous avons pu réaliser en tant qu’entreprise: l’entrepôt, le silo des produits finis, la voie ferrée, jusqu’au plus grand de tous, notre halle aux grains, un édifice quasiment sans défaut, même après quatre ans. C’est un vrai bonheur de pouvoir construire quelque chose qui reste dans la ville.»
C’est en faisant qu’on apprend
Mais Raimund Eigenmann n’a pas toujours tout fait correctement. Il a parfois fait les frais de son inexpérience. Par exemple lorsqu’il a dû, à 28 ans, gérer la construction du nouveau silo de farine et entrepôt, un projet de 25 millions, suite à la démission sans préavis du responsable de projet. Les travailleurs du bâtiment avaient largement profité de son ignorance. Plus tard, il a trouvé un allié en la personne de Heinz Luder, spécialiste du bâtiment chez Swissmill depuis 1993. «Toujours en tenue de travail, j’ai alors fait intervenir Heinz Luder comme contremaître et contrôleur sur tous les chantiers, ce qui m’a souvent permis de faire des économies.»
Il met en garde contre l’exubérance et la superficialité, et se rappelle comment une mauvaise livraison de matériel est restée incontrôlée, exigeant ensuite une intervention particulière pour éviter un fiasco. «En fait, souligne-t-il, il faut avoir le courage de regarder ses propres décisions d’un œil critique. On n’a pas toujours raison, même si on le pense.»
Une chose est sûre: il ne manque pas d’obstination. En ce qui concerne l’aménagement extérieur sur les berges de la Limmat, alors qu’il voyait déjà le projet grandir et fleurir dans sa tête, son ancien supérieur n’était pas particulièrement satisfait de ses idées. Eigenmann a donc planté un saule pleureur près de l’espace rouge réservé aux bureaux en guise de message. Il ouvre la fenêtre et rit: «Regardez comme il a bien poussé, comme il est beau et souple.»
Rétrospectivement, il est reconnaissant pour toutes les opportunités d’apprentissage qui lui ont été offertes, notamment grâce aux exigences clients élevées, à des questions spéciales lors de visites guidées, lors de la création de réseaux, grâce aux idées des jeunes et de manière générale dans le cadre de la collaboration. Il a également beaucoup appris «lors de la construction, grâce aux idées des architectes et aux enseignements des ingénieurs du bâtiment. La statique est le nerf de la guerre, aucune erreur ne doit survenir dans les projets d’envergure, comme ceux que nous réalisons. Dans ce contexte aussi, il faut s’adapter».