Suisse
Pour faire face à la demande importante d'aliments de base, les minoteries suisses ont fonctionné 24 heures sur 24 en mars, notamment pour pouvoir couvrir du mieux possible les énormes besoins supplémentaires du commerce de détail. Quant à la question de savoir quelle sera l'évolution dans les prochaines semaines, personne n'a vraiment la réponse.
Les gelées nocturnes des derniers jours de mars ne devraient heureusement pas avoir eu trop d'influence sur les cultures céréalières.
UE / Monde
Dans le monde entier, c'est encore et toujours le coronavirus qui fait des ravages sur les marchés. À cela s'ajoutent simultanément la guerre des prix du pétrole et la chute de la demande, ce qui conduit à de grandes incertitudes autour de la corbeille. De nombreux Etats ont dégagé des fonds pour pouvoir maintenir les structures économiques en place. Il reste à espérer que les solutions adoptées soient couronnées de succès.
Dans tous les pays où le coronavirus s'est largement répandu et où le confinement a été ordonné, il y a eu des achats de réserve de produits alimentaires de base et toute la chaîne d'approvisionnement, de la livraison des matières premières au commerce de détail en passant par la transformation des produits alimentaires, a été mise à rude épreuve pour pouvoir assurer les livraisons. Cela a conduit à une accélération de la demande de matières premières: depuis la mi-mars, les cours du blé sont repartis à la hausse des deux côtés de l'Atlantique, après avoir connu une baisse. Et la hausse s'est encore accentuée après les annonces de l'Ukraine et de la Russie sur une éventuelle introduction de restrictions d'exportation.
C'est le maïs qui souffre le plus de la situation actuelle. Comme le bas prix du brut étrangle la demande d'éthanol, certaines entreprises vont réorienter leur production vers les DDGS pour les aliments pour animaux. Avec cette chute de la demande, les prix du maïs ont nettement reculé. Malgré tout, certains acteurs du marché anticipent une augmentation des cultures de maïs aux USA, ce qui devrait déclencher une nouvelle pression sur les prix.
En Australie, la récolte 2020/21 de blé devrait augmenter de 40%, après 3 années où les agriculteurs ont dû faire face à des conditions de sécheresse supérieures à la moyenne.
La Chine, malgré l'épidémie de coronavirus, devrait atteindre ses objectifs de récolte de céréales pour cette année.
L'Inde, avec ses 1,4 milliards de consommateurs, pourrait être le successeur de la Chine pour l'écoulement des produits agricoles des États-Unis.
Une grosse partie de sa population est végétarienne, même si la classe moyenne montante pourrait aussi à l'avenir consommer de la viande, outre les protéines végétales comme le soja.
Bio
La situation du blé bio est stable, les regards sont désormais tournés vers la nouvelle récolte. La demande d'épeautre bio se maintient à un haut niveau. La disponibilité des matières premières étant restreinte, la situation reste tendue et on s'attend donc à des prix élevés pour la récolte à venir. Le seigle, quant à lui, connaît une situation inverse: on rapporte que dans certains pays, il est même vendu sur le marché conventionnel. Le nouveau règlement de l'UE sur le bio entrera finalement en vigueur le 01.01.2021. Il restait des incertitudes quant à l'utilisation de produits issus de l'agriculture en reconversion dans le domaine des aliments pour animaux. Pour l'instant, ce règlement n'est pas repris par la Suisse et ce sont les accords bilatéraux qui s'appliquent.
Blé dur
La pandémie de coronavirus a permis de réaliser en très peu de temps des chiffres d'affaires records dans la branche des pâtes alimentaires et a eu pour effet de vider les stocks. Quelle est l'ampleur des réserves et la consommation va-t-elle effectivement augmenter? En tout cas, la demande de blé dur (durum) a augmenté. A cela s'ajoute que les perspectives actuelles de rendement en Europe pour la récolte à venir ne sont pas roses, compte tenu de l'humidité de l'automne et de l'hiver, ainsi que de la réduction des surfaces cultivées, notamment en France. Dans les prochaines semaines, les décisions de semis des producteurs canadiens seront cruciales.
Divers
Swissmill met tout en œuvre, dans cette période très difficile, pour maintenir aussi bien la production que les livraisons afin que l'approvisionnement de la population soit assuré.