Rapport sur le marché
Septembre 2024
Ce n'est une surprise pour personne: la récolte de céréales panifiables est très décevante cette année et n'est pas sans rappeler celle de 2021. Dans certaines régions, elle est inférieure de 30 à 50% à celle de l'an dernier. Une bonne partie du blé a par ailleurs été déclassée en blé fourrager en raison de teneurs trop élevées en DON. En termes de qualité, le poids à l'hectolitre est nettement inférieur à celui de 2023. Les teneurs en protéines et en gluten humide, en revanche, sont plus élevées que les années précédentes. Les volumes disponibles de blé suisse de la nouvelle récolte étant très limités et les stocks des années précédentes déjà bas, il faudra compenser en augmentant les importations de céréales panifiables. Pour assurer l'approvisionnement, les contingents tarifaires devront donc être considérablement accrus, pour 2024 comme pour 2025. Il en sera discuté prochainement au sein de la branche.
UE/Monde
Les rendements des céréales et des oléagineux ont pâti cet été des températures élevées enregistrées en Europe centrale et orientale, mais aussi de l'excès de pluie en Europe occidentale. MARS, le service de prospective de la Commission européenne, a revu ses prévisions à la baisse, annonçant des rendements sous la moyenne des cinq dernières années pour la plupart des céréales. Pour le blé tendre, il prévoit désormais à l'échelle de l'UE un rendement moyen de 5,68 t/ha, soit 3% de moins que la moyenne pluriannuelle. En Allemagne, la récolte est estimée à 7,27 t/ha (-3%). En France, les observateurs s'attendent à une moyenne de 6,14 t/ha (-15%), la plus basse depuis 30 ans. Dans son estimation d'août, le Conseil international des céréales (CIC) n'a que légèrement corrigé les bilans céréaliers mondiaux pour la saison 2024/2025. Ses prévisions s'établissent désormais à 799 Mt, 2 Mt de blé de moins qu'en juillet, une baisse qui touche principalement l'UE. Parallèlement, il prévoit une hausse modérée de la consommation mondiale de cette céréale, qui devrait atteindre 803 Mt. Ses prévisions mensuelles annoncent par ailleurs une légère augmentation des exportations de blé. Baisse de la production et hausse de la consommation entraînent pour la saison en cours une légère diminution des stocks finaux, qui atteignent 266 Mt. L'UGA (Ukrainian Grain Association) mise sur une récolte de blé de 19,8 Mt et sur des exportations à hauteur de 13 Mt. Selon ses indications, l'Ukraine a exporté plus de 4,2 Mt de produits agricoles en juillet 2024, soit le double par rapport à juillet 2023, et ce malgré l'intensification des frappes russes sur Odessa. Il s'agit pour l'essentiel de blé de la nouvelle récolte et de maïs de la récolte record de 2023. L'Ukraine n'a pas encore publié les pays destinataires de ses exportations du mois de juillet, mais la saison passée elle avait exporté la majeure partie de son blé en Espagne, en Égypte et en Indonésie, et son maïs principalement en Espagne et en Chine. Asphyxié par une dette qui se chiffre en milliards d'euros, le distributeur de matériel agricole allemand BayWa peut compter sur une aide à court terme d'un demi-milliard versée par ses banques créancières et ses principaux actionnaires, soucieux de maintenir à flot un conglomérat important pour les agriculteurs et la production alimentaire, en particulier dans le Sud de l'Allemagne.
Bio
Il faudra attendre fin septembre pour en savoir plus sur la récolte suisse, mais l'on peut d'ores et déjà dire que la teneur en protéines du blé bio devrait être supérieure d'environ 1% à celle de l'an dernier, ce qui compense quelque peu la chute des volumes qui, elle, est de l'ordre de 30%. En raison de conditions météorologiques défavorables, la teneur en protéines du blé autrichien est bien moindre cette année et les producteurs ont enregistré une baisse de volume d'environ 20%. L'épeautre semble être la céréale la plus touchée, avec une nette réduction du rendement et un poids à l'hectolitre très faible, ce qui restreint considérablement l'offre . Fort heureusement, l'Europe dispose encore de stocks de la bonne récolte de l'an dernier. Il est cependant trop tôt pour savoir s'ils suffiront à combler ce déficit de l'offre. Pour ce qui concerne la Suisse, l'avoine d'été compense partiellement la mauvaise qualité de l'avoine d'hiver. En Europe, la demande d'avoine bio continue d'augmenter fortement, entraînant l'assèchement des marchés malgré une récolte acceptable.
Blé dur
Avec 6,8 Mt annoncés par le CIC, la récolte européenne de blé dur sera la plus mauvaise depuis 30 ans. Au Canada, la récolte a commencé, mais elle a, elle aussi, pâti de la météo, chaude et sèche. Les prévisions de rendement ont été revues à la baisse et le poids à l'hectolitre risque d'être décevant. La récolte 2024 sera néanmoins supérieure d'environ 47% à celle de 2023. Les récoltes seront également supérieures en Turquie et aux États-Unis, de sorte que l'équilibre entre production et consommation sera à peu près assuré.
La Direction générale
Swissmill