Suisse
Les cultures en Suisse se présentent bien et bénéficient de suffisamment d'humidité. Les réserves d'engrais devraient être suffisantes et les champs sont praticables pour les machines.
La campagne de commercialisation des céréales panifiables CH de la récolte 2021 est terminée. Un contingent d'importation de 20 000 t de céréales panifiables sera débloqué début mars et une nouvelle tranche de 10 000 t suivra début mai. Les quantités totales (production suisse + importations) ne suffiront toutefois pas pour couvrir les besoins des minoteries suisses jusqu'à la prochaine récolte. Des discussions sont donc en cours pour un relèvement significatif des contingents d'importation.
UE/Monde
La grande nervosité des marchés mondiaux provoquée par la guerre en Ukraine se traduit par de fortes hausses de prix. L'entrée des troupes russes dans différentes parties du pays font en effet craindre une interruption des exportations au départ de ces régions. Jusqu'à 15 millions de tonnes d'exportations de blé en provenance de la région de la mer Noire pourraient ainsi être menacées. Il serait quasiment impossible de s'approvisionner ailleurs pour de telles quantités et il faudrait donc s'attendre une nette diminution des stocks des autres pays exportateurs. La Russie et l'Ukraine fournissent environ 29 pour-cent des exportations mondiales de blé et 19 pour-cent du maïs. La suite du conflit aura donc un impact décisif sur les marchés.
Aux États-Unis, les cotations du blé d'hiver dans les deux principaux États producteurs que sont le Kansas et l'Oklahoma ont à nouveau chuté en février. Le ministère de l'agriculture américain a estimé la surface de culture du blé aux États-Unis à 48 millions d'acres, soit la plus vaste depuis 6 ans.
Les cultures d'hiver et les prairies se présentent bien dans la majeure partie de l'Europe. De vastes régions d'Europe centrale et occidentale font état toutefois d'un déficit de précipitations marqué. Mais pour l'instant, l'impact négatif sur les cultures est limité.
En France, les cultures de blé ne donnent pas matière à se plaindre. Selon FranceAgriMer, environ 95 pour-cent des cultures de blé tendre se présentaient bien dans la semaine qui s'est achevée le 14 février.
Bio
Les prix des céréales bio sont en hausse sur le marché européen, quoique dans une moindre mesure que ceux des produits conventionnels. Il est vrai que le secteur est moins impacté par le niveau élevé des prix des engrais. En fait, depuis plusieurs semaines déjà, c'est surtout le secteur du fourrage, en déficit d'approvisionnement et sous le coup d'une flambée des prix, qui est un facteur important de la hausse des prix des céréales panifiables. Les stocks sont à zéro et l'Autriche p. ex. a dû puiser pour le seigle dans les stocks des récoltes précédentes.
L'Ukraine est pour l'Europe un important fournisseur de fourrages bio et de graines d'oléagineux. L'évolution du conflit militaro-politique actuel ne manquera pas d'impacter le marché des céréales bio aussi.
Blé dur
Les dernières prévisions de l'UE font craindre des récoltes inférieures à la moyenne dans les principales régions agricoles d'Afrique du Nord, touchées par la sécheresse. L'Andalousie et le Sud de la France affichent également un déficit de précipitations. Et le constat est le même pour les régions productrices de blé dur des États-Unis et du Canada.
Les prix élevés des engrais ne faciliteront pas non plus les décisions à prendre pour les prochains semis de blé dur au printemps, car les agriculteurs prendront en compte d'autres cultures qui, ayant besoin de nettement moins d'engrais, deviennent attractives.
Les prix du marché très élevés ont entraîné, par le jeu des transferts vers d'autres produits, une légère baisse de la demande, laquelle a à son tour quelque peu freiné l'explosion des prix.